Urbanisme & écologie : on passe au vert!
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Après un temps de politique de la ville qui a visé et un peu réussi à déconcentrer l’habitat urbain, on voit de nouveau fleurir dans les zones habitées les plus denses de nouveaux lotissements sur des terrains verts, d’anciens parkings et des projets de bétonnage d’espaces verts.

Ces opérations d’urbanisme sont souvent entourée d’une démarche « greenwashing » (ex : ce ne sont pas des « zones de stationnement », mais des « parkings verts »). Appelons les choses par leur nom : il s’agit là d’artificialisation des sols.

Cette re-concentration du bâti urbain ne règle aucun problème mais majore les inconvénients qui étaient clairement identifiés :

  • perte d’éléments naturels
  • dégradation de la qualité de vie
  • troubles en matière de sécurité
  • pollution…

La réhabilitation et l’amélioration de l’existant et la préservation voire la promotion des espaces naturels doivent rester la priorité dans ces lieux saturés en population et en bâtiments.

L’exemple (édifiant) de Longuenesse

  • Un lotissement de 18 logements sur un parking au cœur de la verte écuelle au pied des blocs
  • Un petit lotissement derrière l’hôtel de la CAPSO (ZAC ste Catherine) en place d’une petite zone verte avec trois vieux saules.
  • Un projet de salle de sports au cœur de Fort Maillebois en place du poumon vert du quartier.

La CAPSO doit tenir son rôle de leadership en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire.

Les zones vertes et les espaces de nature doivent être préservés. Dans l’idéal, il faudrait développer (agrandir) les espaces végétalisés en milieu urbain. Cela étant, pour commencer, il va déjà falloir commencer par arrêter de les détruire!

Une couronne verte?

Certaines communes pionnières en matière de développement durable ont fait le choix de baliser très clairement leur intention de mettre un frein à l’étalement urbain. Concrètement, cela s’est traduit par la plantation d’une « couronne végétale » autour des cités. Une forteresse verte n’ayant pas vocation à interdire l’accès à d’improbables ennemis, mais bien d’empêcher le développement tentaculaire de la cité.

De tels aménagements pourraient favorablement être mis en œuvre sur la CAPSO. A l’échelle de l’agglomération, plutôt que d’une couronne vert (ou même de plusieurs couronnes concentriques) on imagine plutôt un lacis de couloirs biologiques. Plusieurs avantages en découleraient.

  • limitation imprescriptible de l’étalement urbain
  • végétalisation et reforestation : un atout indéniable pour la biodiversité
  • création de corridors biologiques
  • accompagnement dans la transition écologique et sociale du monde agricole
  • structuration à long terme d’une filière sylvicole locale (bois-énergie / bois-bâtiment / agroforesterie / pépinière)
  • développement des axes dédiés aux mobilités douces
  • renaturation des espaces urbains
  • transition douce des paysages entre zones urbaines et zones rurales
  • création d’îlot de fraîcheur (et, de facto, lutte contre les îlots de chaleur)

Végétaliser !

Entre autres effets, la crise sanitaire du Covid a rendu plus visible certaines inégalités. Parmi ces inégalités, une peut sembler anecdotique alors qu’elle concentre probablement sur elle-même la totalité des injustices de notre époque. Il s’agit de l’accès à la nature.

Comment fait-on, lorsque l’on est contraints de cantonner ses déplacements à 1 kilomètre, pour accéder à un espace naturel, pour se ressourcer au pied d’un arbre, pour respirer un air dénué de particules ?

Cet accès n’a pas pu être garanti à chacun pendant les périodes de confinement. Les écologistes s’en sont d’ailleurs ouvertement indignés, réclamant un accès égal à la nature (lien).

A l’échelle de la CAPSO, pour garantir cet accès, il n’y a pas beaucoup de choix : une politique massive et ambitieuse de végétalisation doit être menée. Il faut planter, planter, planter! Ensemencer, reboiser, réensauvager.

La prochaine fois que la température montera au-dessus de 40°C, ce sera difficile de se rafraichir à l’ombre des arbres qu’on n’aura pas plantés.

Tous les espaces doivent y passer : débitumer les cours de récréation des écoles, végétaliser les toitures, aménager des haies comestibles, transformer les (nombreuses) friches industrielles, gazonner les parkings, créer des corridors biologiques, s’inspirer des techniques permacoles (notamment la forêt-jardin), convertir en agroforesterie les terres agricoles rendues impropres à une culture nourricière par trop d’utilisation de phytosanitaires.

En amont de cette volonté de reconquête verdoyante, bien des pratiques doivent changer, et bien des pratiques doivent cesser. On aura beau mener le projet le plus ambitieux, tant que l’on continue à détruire des espaces naturels, tant que l’on continue à artificialiser les sols, tant que l’on conçoit l’humain comme « maître et possesseur de la nature », tant que l’on s’arroge le droit d’exploiter la terre, tant que l’on persiste à brader les terres arables pour en faire autre chose qu’une terre nourricière, alors on se contentera de poser un pansement sur jambe de bois.

Sur le territoire de la CAPSO, de dangereux projets vont à l’encontre de la transition écologique et sociale. Citons-en deux en guise d’illustration :

  • implantation d’un entrepôt logistique sur la commune de Saint-Augustin (zone d’activité de Clarques, en bordure de l’A26). C’est l’enseigne Lidl qui, non contente d’entretenir un système de consommation outrancier, trouve judicieux de saccager la vie sauvage (destruction irréversible de l’habitat avifaune) et menace, par la même occasion, le centre-bourg de la commune de Ecques en altérant gravement la circulation des eaux de ruissellement.
  • extension des serres industrielles de tomates à Arques. La première saison des serres géantes arquoises ne vous a pas suffi? La saison 2 arrive à grandes enjambées. Et toujours le même projet insensé : manger des tomates en hiver, contre le bon sens, contre le cycle des saisons, sans aucun intérêt nutritionnel, en gaspillant énormément d’énergie à les produire, en générant moitié moins d’emplois que si cette surface était convertie en permaculture.

1000 mètres carré en permaculture, c’est la création d’un emploi (emploi qualifié, durable et non délocalisable), c’est le renforcement de la biodiversité, et c’est la possibilité de nourrir une cinquantaine de familles. Du côté des serres de tomates, on dépense plus d’énergie à chauffer les serres et traiter les plants que l’on ne crée de valeur énergétiques avec ces « aliments ». Entre ces deux modèles que tout oppose et qui ne peuvent pas cohabiter longtemps, le choix devrait s’imposer facilement !