La Station, vitrine de de la CAPSO, assure (surtout) la promotion des high-tech et s’inscrit (un peu) dans l’esprit coopératif des tiers lieux.
Un territoire écolo utiliserait différemment cet outil. La Station est un équipement structurant de l’agglomération et peut devenir l’un des principaux leviers de sa transition :
- être un carrefour pour l’économie sociale et solidaire
- s’intéresser aux low-tech.
Des améliorations sont attendues également en matière de partenariat et d’ouverture, y compris vers les publics “dits” empêchés (personnes dépendantes, marginalisées, réfugiées, hospitalisées, détenues).
La Station est un outil innovant? Certes, mais l’innovation, ce n’est pas vraiment l’outil, c’est plutôt la façon dont on se sert de cet outil. Pour les écolos, l’innovation technologique et l’innovation sociale vont de pair.
Quelles mesures prendre ?
- soutenir (voire accueillir) le CLESS (Collectif Local de l’Économie Sociale et Solidaire)
- développer les Repair Café
- déployer d’autres “fablab” sur le territoire
- soutenir davantage les communautés des makers
- S’intéresser à certains Fablab spécifiques, notamment le réseau Precious Plastic (liens : [le projet original, en anglais] [une vidéo explicative sur YT] [l’exemple bordelais]) qui vise à recycler les déchets plastiques pour en faire des objets utiles.
- proposer d’autres espaces de coWorking
- collecter et partager les données du territoire dans une démarche “Open-Data” (les données ouvertes sont des données en accès libre et public, qui peuvent être exploitées sans restriction. Les jeux de données partagées par une agglomération telle que la CAPSO vont de la publication des comptes rendus de réunion des commissions à la cartographie des panneaux d’affichage libre, en passant par les subventions versées, les zones de nidification des hérons, les prévisions démographiques ou encore les alertes aux pollutions atmosphériques)
- réserver les investissements en matière d’innovations technologiques et de R&D à la résilience effective du territoire
Et si on misait sur le logiciel libre?
- équiper toutes les administrations (écoles comprises) de logiciels libres
- communiquer sur les réseaux sociaux alternatifs
- ouvrir des spots WiFi citoyens ET garantir l’absence de pollution électromagnétique dans les endroits accueillant des publics spécifiques (petite enfance, école).
- développer une stratégie d’autonomie numérique propre à l’agglo en créant un Chaton audomarois (un chaton informatique, kézako?)
- pour aller encore plus loin dans cet esprit de « résilience numérique », fédérer une communauté de développeurs dans l’esprit « Framasoft » ou « Chtinux » pour disposer ainsi d’une gamme de logiciels « AudoSoft »
- devenir ainsi un territoire de référence en matière d’utilisation éthique des ressources numériques
- créer des emplois qualifiés
- renforcer l’attractivité du territoire
Un autre projet atypique et innovant?
En parallèle du traditionnel clavier francophone AZERTY, il existe une autre norme de clavier : le Bépo. Le clavier Bépo est utilisé par une toute petite communauté. Pourtant, son utilisation est bien plus ergonomique (en vérité, le clavier Azerty, héritier des machines à écrire, est une hérésie en matière d’ergonomie -et donc de santé au travail-). En dehors des entreprises spécialisées dans la compensation de handicaps, il n’existe aucune entreprise proposant des claviers Bépo.
Ne pourrait-on pas imaginer que la CAPSO favorise l’implantation d’une entreprise fabriquant et distribuant ce genre d’outils. Voilà un marché de niche au potentiel énorme ne souffrant pour le moment d’aucune concurrence ! Voilà un autre projet innovant pourvoyeur d’emplois.
Changer de regard sur les ressources numériques
Trop souvent, on associe aux technologies numériques des gadgets high-tech, des investissements faramineux et des lignes de code pour geek·ette·s averti·e·s. Ces représentations sont biaisées. L’informatique peut s’apprendre dès le plus jeune âge, c’est même primordial si l’on veut contribuer à la neutralité du Net et éviter une nouvelle fracture sociale (il faut lutter contre l’illectronisme de la même façon que l’on lutte contre l’illettrisme).
Une autre représentation erronée est de faire croire que « plus de technicité, c’est plus d’agilité ». Ou, pour dire les choses plus simplement, que la révolution numérique et technologique en cours apportera toutes les solutions à la crise écologique. C’est une promesse illusoire, qui nous permet de conserver confortablement nos « mauvaises » habitudes.
Un exemple parmi tant d’autres : la voiture électrique va régler le problème de pollution automobile, mais on sait bien que c’est faux. La voiture électrique ne fait que déplacer la source de la pollution. Un autre exemple : les hangars logistiques automatisés permettraient de fonctionner à flux tendu et amélioreraient les conditions de travail. En réalité, cette automatisation génère du chômage, entraîne une vulnérabilité des circuits logistiques (au moindre accroc, c’est toute la chaîne de distribution qui s’écroule).
Il faut renoncer à l’appel des sirènes d’un monde toujours plus technique, utiliser les ressources technologiques et numériques qui simplifient la vie et favorisent le mieux-vivre ensemble et se défaire des gadgets inutiles et autres fausses-solutions.
Ce changement de regard permettrait ainsi aux dirigeants de la CAPSO de réaliser que la transition écologique n’est pas une sous-catégorie de la transition numérique (c’est ce que le site Internet de l’agglomération laisse entendre). La bonne méthode est la suivante : un territoire s’engage dans une transition écologique et sociale (c’est le fil conducteur de ses politiques), et chaque action publique remplit cet objectif de transition. De fait, les politiques publiques engagées par la CAPSO en termes de technologies numériques devraient toutes répondre à des impératifs de transition écologique.